Le sable bleu du désert. Éditions la Note Verte, 2024
“ Un si peu de matière et un atome de silice. Et des atomes de silice pour un grain de sable. Et des milliards de grains, et la naissance d’une dune. Et des milliers de dunes, et la naissance d’un désert.
Et la naissance d’un silence comme un début d’éternité. ”
“ Demain, je partirai. À mon tour, comme des milliers de voyageurs l’ont fait avant moi, j’entrerai dans le désert à la recherche, consciente ou inconsciente, d’une mince tige, d’une fleur fragile, d’une herbe folle. En fait, je serai à la découverte d’un simple objet, si pauvre soit-il, mais qui sera comme le fil me rattachant à ce qui me vient du ciel, comme la racine qui me relie à la terre.”
Jacques Michaud
Le sable bleu du désert - une lecture apaisante qui aide à mieux voir le monde
Membre fondateur du Centre de tai chi Gilles-Vaillant (1998) et instructeur à ce centre depuis sa fondation, Jacques est aussi auteur et membre fondateur de l’Association des auteurs et auteures de l’Outaouais et des Éditions Vents d’Ouest.
Ceux et celles qui ont suivi ses cours de tai chi, au cours de ces vingt-six années, se rappelleront sans doute de l’accent qu’il met sans cesse sur les bienfaits thérapeutiques du tai chi et sur l’importance de la détente pour, au départ, toujours bien recevoir et sentir l’énergie, et enfin, sur le concept de la dualité qui se manifeste de plusieurs façons, telles que la lumière et l’obscurité ou le mouvement et l’inactivité. C’est aussi dans cet esprit qu’il nous raconte son court séjour dans le désert marocain. Il se laisse d’abord imprégner des sensations et des images qui s’ouvrent à lui, avant de les commenter. Ses fines observations et ses expressions imagées et toujours habilement dosées débouchent également sur des réflexions plus profondes sur l’humain et la place modeste qu’il occupe dans l’univers.
Nous présentons quelques courts extraits de Le sable bleu du désert que nous nous sommes procurés lors de son lancement au début de décembre 2024. Les extraits sont accompagnés de photos de la mosquée de Hassan II et du désert, prises un peu plus au sud de Merzouga, dans les environs de Tamegroute.
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“ C’est ainsi que dans le désert, loin de l’éblouissement des cités et des métropoles, la Voie lactée retrouve la nudité première de son éternité.”
“ Arrêt devant la mosquée Hassan II qui me semble tourner le dos à la mer comme dans un geste de vanité peut-être même de condescendance. Comme si elle voulait lui murmurer : “Miroir de la mer, c’est moi maintenant qui suis la plus belle!” Éblouissement et réserve, mes sentiments sont partagés. Cette construction immense pour ne pas dire sans mesure, s’étale devant une agglomération de maisons délabrées, certaines presque en décrépitude. Sorte de scandale architectural. Un Dieu se dresse, insolent, devant la face du miséreux qui ne peut, devant une telle hauteur et un tel poids, que plier l’échine et se mettre le front à plat contre terre. ”
“ Pour la première fois de ma vie, je découvre la Voie lactée dans sa transparence originelle. Elle surgit sans me prévenir, elle apparaît derrière le visage de ses grandes soeurs les étoiles, enfin je la voie dans sa plus pure manifestation. On dirait une tapisserie sans fin déposée contre le fond du ciel, comme un fin voile de mariée déposé sur la tête de celles-là qui occupent depuis toujours les premières places. J’ai l’impression d’assister à une cérémonie constellaire. ”
“ Je prends tout à coup conscience que je suis en face d’un symbole puissant. Le sable, c’est ce que nous devenons si, peu à peu, nous laissons tomber nos emprises. (…) Quelle magnificence nous est donnée dans cette disposition du sable qui nous conduit au rien ! (…) Ce sable change le tableau, il en transforme continuellement la couleur et la durée, il fait naître comme un début d’éternité dans des assemblages érigés sur le mouvant (…) je ne me sens pas rejeté et laissé pour compte, non plus exclu pour toujours de la communauté humaine à laquelle j’appartiens. Je consens à être un abandonné parce que, comme jamais et comme toujours, je suis seul avec moi. C’est aussi là ma force : parce que rien d’autre ne me rattrape, je suis toute ouverture. Le ciel et la terre peuvent maintenant entrer en moi. Je fais silence.
Quand rien n’est dit, quand tout se tait, est-ce alors que tout se vit, est-ce alors que tout renaît? ”
Avis d’un lecteur
Loïc Gouadec
Loïc est membre du Centre de tai chi Gilles-Vaillant depuis 2011 et instructeur à Ottawa
« Un monde dans un grain de sable » William Blake
Au fil des pages de son plus récent opus - Le sable bleu du désert - Jacques Michaud nous entraîne dans l’immensité du désert et nous invite à un voyage qui est aussi une quête spirituelle.
Sous le regard du voyageur, les dunes du désert se succèdent à perte de vue jusqu’à l’infini, déployant leurs ailes de sable pour faire miroir à la voûte céleste. Le voyageur avance vers l’inconnu « laissant tomber ses emprises » pour redevenir grain de sable.« Natifs de l’immensité », nous sommes des grains de sable, et nous retournerons un jour à l’immensité de l’univers. Devant cette immensité « constellaire» où les étoiles brillent, comme les grains de sable du désert, Jacques nous invite au lâcher-prise, au « retour à soi ». La pratique du Taijiquan appelle aussi au retour à soi, quel que soit le nom qu’on lui donne : self composure, harmonisation, retour à l’essence, au Dan Tian, retour au centre. « En acceptant de s’arrêter, de se laisser tomber dans le temps », on entame un voyage intérieur qui nous fait prendre conscience de l’énergie universelle à laquelle nous appartenons.
Le sable bleu du désert est un petit opus poétique qui nous donne une grande leçon de philosophie.